LUCIEN MATHELIN (1905-1981)


Lucien Mathelin, peintre français d’origine belge, partage sa vie entre l’atelier de Montmartre (Villa des Arts) et la Provence. Dans sa maison de Cotignac, il peint des paysages méridionaux et des natures mortes dont certaines gouaches et aquarelles sont présentées dans ce fond d’atelier. Les réalisations les plus classiques de cet artiste indiquent la centralité du détail signifiant et du rôle de l’objet dans la composition. À travers toute son œuvre, Lucien Mathelin s’interroge sur cette sémantique des images avec malice.

Issu d’une famille d’artistes, le jeune Mathelin fréquente des intellectuels et des personnalités artistiques dont les musiciens Arthur Honegger et Marcel Landowski. Cet autodidacte cultive ses talents grâce aux expériences artistiques, aux voyages et rencontres. Il réalise sa première toile à l’âge de 15 ans et se fait rapidement connaître comme un créateur imperturbable et un agitateur artistique qui met son esprit au service de sa peinture pour traiter sujets graves ou légers.

Assurément familier du mouvement Dada qui marque son époque et de l’humour froid et contestataire de ses représentants, Lucien Mathelin développe un regard ironique sur le monde qu’il traduit par la dérision. Ses œuvres reflètent un esprit libre et fantasque et s’attachent à dénoncer les faux-semblants, les parti-pris aveugles et les impostures. Lucien Mathelin remet aussi en question les relations que nous avons aux choses, aux institutions ou aux habitudes en se servant de l’humour comme exhausteur de goût et révélateur de comportements absurdes ! Inspiré par le mouvement surréaliste, il travaille les associations significatives d’idées et d’images pour exprimer ses aspirations sous forme de peintures, de paravents, de collages ou de trompe-l’œil façon Arcimboldo ! Certaines de ces œuvres ne sont pas sans rappeler la causticité, la verve mais également la poésie singulière de Marcel Duchamp ou de René Magritte. Ainsi, Marie, la fille de l’artiste définit l’art de son père comme un « surréalisme trompe-l’œil » !

Dans la série des Monumensonges (monuments-songes, menusmensonges), le peintre représente avec irrévérence une série de monuments de la capitale comme l’Opéra de Paris dévasté devant un tas d’instruments en lambeaux, l’Hôtel de Ville cerné de déchets et couronné d’une bouteille de vin ruisselante ou encore le Sacré-Cœur de Montmartre établi sur une montagne rouge-sang et présenté comme un gâteau d’anniversaire… De cette série, deux toiles L’Arc de Triomphe et L’Elysée (dont deux exemplaires de la série figurent dans cette vente) ont été présentées le 30 septembre 1971 au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Jugées attentatoires au Chef de l’État et au Soldat Inconnu, les toiles seront décrochées sur ordre du Préfet de Paris !

C’est ce goût de la contestation et de l’humour-franc qui marque également la série des Détournements d’œuvres en péril, dont quelques exemplaires sont présentés ici. S’inspirant d’œuvres célèbres, l’artiste ajoute une note cocasse ou ironique aux tableaux de grands maîtres. Ainsi la Joconde se retrouve en short, sortant de sa toile, l’Odalisque de Boucher lisant les Malheurs de Sophie, la Vénus de Milo aux toilettes et la dentelière de Vermeer transformée en couturière !

L’artiste est également réputé pour son bestiaire surréaliste dont plusieurs exemplaires sont ici en vente. La drôlerie de la série des chats faisant du patin à glace, réunis au café Chaloupe, illustrés par des mots (chat-mots) ou dotés d’humeurs et de mimiques humaines, rivalise avec un Pégase mécanique, de nombreux trophées de chasse, lièvres, chevaux et ânes, pingouins et oiseaux rares au sein de ce cabinet de curiosités imagé !

La vie du peintre en quelques dates

15 août 1905 : Naissance à Binche (Hainaut, Belgique).
1924 : Première exposition d’une de ses œuvres au Salon d’Automne de Paris.
1925-1926 : Séjour au Maroc.
1933-1935 : Séjour en Grèce. 1937 :
Travaille sous la direction de Raoul Dufy à la réalisation d’un panneau de l’œuvre monumentale de ce dernier, La Fée Électricité.
1940 : Installe son atelier à la villa des Arts à Montmartre.
1946 : Réalisation d’une de ses œuvres majeures, L’Atelier de Galanis.
1971 : Scandale des Monumensonges.
Années 70-80 : Série des Détournements d’œuvres en péril.
8 décembre 1981 : Mort à Paris.

Expositions particulières 

1925. Galerie de l’Étoile, Paris 1933. Athènes, Grèce. Galerie André, Paris.
1946. Galerie Bailly, Lille.
1949. Galerie Vachon, Saint-Tropez
1957-1960-1961. Galerie Weil, Paris. Galerie de la Proue, Rennes
1965. Galerie M. L. André, Paris
1965. Galerie Hébert, Grenoble
1966. Galerie Mirage, Aix-en-Provence
1966. Galerie Netzel. Worpswede (Allemagne)
1966. Galeria Marco Polo, Madrid
1967. Kuntsalon Fisher Bielefeld (Allemagne)
1968 à 1970. Galerie Recio, Paris
1968. Galleria d’Arte il Punto Catania (Italie)
1968. Formes et Graphisme, Saint-Paul-de-Vence
1971. Galerie Isys Brachot, Bruxelles
1972. The Brod Gallery, Londres
1974. Tokyo. Osaka (Japon)
1975. « Monumensonges », Paris, Galerie de la Passerelle
1975. Galerie du Regard, Saint-Rémy-de-Provence
1978. Novotel, Lyon
1978. L’Estérel, Paris
1979. Galerie Christiane Vallée, Clermont-Ferrand
1980. Galerie Schemes, Lille.
1981. Galerie Kaganovitch, Paris
À partir de 1981, la Galerie Pascal Gabert a représenté l’œuvre de Lucien Mathelin
1985. Hommage au Salon d’Automne

Expositions collectives 

– Salon Comparaison
– Salon de la Jeune Peinture
– Salon des Tuileries
– Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 1971
– Biennale de Paris, 1971
– Salon de l’Imagerie
– Salon d’Été, Deauville
– Salon d’Automne (sociétaire) de 1978 à 1981
– Salon des Indépendants (sociétaire)
– Société nationale des Beaux-Arts (sociétaire)
– Peintres Témoins de leur Temps, Paris, musée Galliera, de 1978 à 1981

Bibliographie

- Dictionnaire des peintres à Montmartre. Peintres, Sculpteurs, Graveurs, Dessinateurs, Illustrateurs, Plasticiens aux XIXe et XXe siècles, Edition André - Roussard, Montmartre, Paris, mars 1999.
- Le triomphe du trompe-l’œil, Jean Monneret, Grand Palais, Salon des Indépendants, 5-16 novembre 1993, Éditions Mengès, 1993.
- Le Salon de la Jeune peinture, histoire 1950-1983, Francis Parent et Raymond Perrot, 1983.
- Catalogue Lucien Mathelin, Claude Pecquet, Galerie Isy BrachotSESL, 1971.
- Le Vieux Montmartre, « Lucien Mathelin et l’atelier Galanis », Jean-Paul Bardet, nouvelle série, no 84, premier trimestre 2015, p. 35- 39.
- Démultiplication de tout, Les peintures de Lucien Mathelin, Véronique Nahoum-Grappe.