ATELIER ALBERT BOUQUILLON (1908-1997)


Vendredi 23 novembre 2018
Drouot – Richelieu - Salle 16 - 14h

Albert Bouquillon (1908-1997) et l’évolution figurative
 
L’oeuvre d’Albert Bouquillon prend son essor dans les années 1930, s’épanouit avec
beaucoup d’originalité après la seconde guerre mondiale, et atteint son apogée dans
les années 1970 et 1980. Si la mise en valeur du corps féminin règne en maître dans
son travail, l’artiste traite de bien d’autres sujets tout au long de sa carrière. Il perce
à jour le caractère de ses modèles dans de nombreux bustes ; s’attaque avec autant
de foi aux sujets religieux qu’aux sujets républicains ; puise dans l’observation du
quotidien pour nourrir certaines figures ; aime jouer d’une subtile géométrisation
pour ses représentations animales ; et possède une science indéniable de la statuaire
publique, que l’on est tenté de rebaptiser sculpture de « plein air », tant le lien entre
ses statues et l’espace extérieur est harmonieux.
Son oeuvre, où le dessin occupe une place de choix, est le fruit d’un travail rigoureux.
Très libre, elle s’équilibre entre des racines classiques et une écriture résolument
moderne, comme le souligne Frédéric Chappey1 dans le catalogue de l’exposition
consacrée au sculpteur par le musée de la Chartreuse de Douai en 2013. Dans ce
texte, il dresse un instantané de l’époque et fait apparaître les compagnons de route
d’Albert Bouquillon dans cette « évolution figurative », à savoir Jacques Gestalder
(1918-2006), Marcel Gili (1914-1993), Balthasar Lobo (1910-1993), Antoniucci Volti
(1915-1989) ou encore Hubert Yencesse (1900-1987). Grands figuratifs, ces artistes
n’en demeurent pas moins de puissants abstracteurs. Cette vision abstraite, le critique
S. Baram2 la cerne au plus près dans un article paru en 1953 : « Bouquillon, c’est (…) la
conclusion (…) d’explorations assidues de tous les éléments composant la sculpture :
conception du bloc, interdépendance des volumes, justesse des rapports entre les plans
et les structures, équilibre intérieur des masses, sens du plastique et surtout ce que l’on
pourrait appeler le « dialogue sans voix » entre l’oeuvre et l’espace environnant, sans
lequel la sculpture perd sa justification ».
Régulièrement exposées dans les Salons (d’Automne, de la Société Nationale des
Beaux-Arts, de la Jeune Sculpture…), les peintures, sculptures, et dessins de l’artiste,
séduisent la critique, et trouvent rapidement commanditaires privés et publics. Ses
oeuvres essaiment donc sur tout le territoire. À échéance régulière, elles sont présentées
dans des expositions monographiques, organisées par des galeries parisiennes
réputées, mais aussi par des musées. En parallèle, Albert Bouquillon enseigne à l’École
Nationale supérieure des Arts appliqués et son apport à la sculpture française est
reconnu lorsqu’il est fait Chevalier de la Légion d’honneur.

Après la mort de l’artiste, les oeuvres restées dans l’atelier y sont préservées et
inventoriées par son fils. En 2013, ce travail aboutit à la publication d’un premier
catalogue raisonné de l’oeuvre sculpté d’Albert Bouquillon. Il paraît dans le catalogue
de la grande rétrospective accueillie par le musée de la Chartreuse de Douai. Cette
exposition a permis au public, aux universitaires, et aux conservateurs de poser un
regard renouvelé sur l’ensemble de la création du sculpteur.
La dispersion de l’atelier (plus de 200 sculptures et environ 120 dessins) offre un
panorama presque exhaustif de l’oeuvre d’Albert Bouquillon. Cette dispersion arrive à
point nommé : elle va donner une nouvelle vie aux oeuvres, au moment où l’histoire
de la sculpture figurative des années 1950 à 1970 est en cours d’élaboration et reste à
écrire.

Eve Turbat

1. Frédéric Chappey dans Albert Bouquillon 1908-1997. L’évolution figurative, Douai, musée de la Chartreuse, 23 mars
– 8 juillet 2013, Silvana Editoriale, 2013.
2. Arts, 3 mai 1953.
 
ATELIER ALBERT BOUQUILLON (1908-1997)
vendredi 23 novembre 2018 14:00
Salle 16 - Drouot-Richelieu, 9, rue Drouot 75009 Paris