LUNDI 27 MAI : ATELIER CARLOS CARNERO (1922-1980)


Un peintre uruguayen à Paris

Le cubisme et l’atelier Fernand Léger, 1950-1959
Carnero, natif de Montevideo, émigre à Paris et intègre l’atelier de Fernand Léger à la fin des
années 40. Situé boulevard de Clichy, l’atelier-école compte quelques soixante-quinze élèves -
“les meilleurs”, selon lui. A la fin de sa vie, Léger élabore une contestation du cubisme qui
prône le retour à la figure humaine. Le chef de l’atelier, Nadia Khodassievitch, brillant peintre,
d’abord élève de Malevitch, puis de Léger au milieu des années 1920, devient l’assistante puis
la maîtresse de celui-ci et l’épouse en 1952. Dans l’atelier Carlos Carnero, bientôt surnommé
“Carlos”, est remarqué pour son talent et son implication. En plus de l’enseignement artistique,
le couple Léger lui confie la tâche du secrétariat de l’atelier : mouvements des stocks, inventaire
des tableaux, organisation matérielle des expositions. Après la mort de Léger en 1955, Carlos
devient très proche de Nadia, rigoureuse dans la construction de la postérité du maître. Avec
son nouveau compagnon Georges Bauquier, ils fondent, sur leurs propres fonds, le musée
Fernand Léger de Biot - Carnero y apporte son assistance.
Le style de Carnero est très proche de celui de son maître, empreint d’une joie et d’un
dynamisme coloré. Au début des années 50, il s’essaye à la figuration cubisante des portraits de
Picasso puis adopte les équilibres abstraits entre lignes, formes et couleurs de Léger. à partir
de 1958 -1959, les lignes prennent de plus en plus la forme de signes symboliques, puis toute
figuration disparaît : une coloration poétique proche de Paul Klee illumine ses constructions
abstraites.

L’Abstraction lyrique, 1960-1965
 
Durant les années 1960 à 1965, sa peinture bascule, devient gestuelle et sombre : c’est une
impulsivité nouvelle, une énergie proche de celle de Soulages, avec qui, selon sa famille, il a
travaillé. Il explore aussi des abstractions plus fondues, plus émotionnelles, proches de Bazaine
ou plus énergétiques, proches alors de Hartung.

La période matiériste, 1965-1970
 
Après le solide et le constructif des années 50, puis l’abstraction gestuelle, Carnero se tourne
vers des recherches sur la matière. Il imprime dans la peinture fraîche même, ce qui lui tombe sous
la main : outils, dominos électriques, filets de pommes de terre, couvercles, objets divers... Cette
matière explorée, puissamment, donne des effets de reliefs de surface où violence et sensualité
se combinent, parfois aléatoirement. Puis de magnifiques monochromes blancs, extrêmement
lumineux contredisent des reliefs réalisés avec du plomb, nouvelle matière mate, austère, atone.
L’imagination vive de l’artiste l’aura conduit à explorer les extrêmes : d’abord sage épigone
de Fernand Léger, il travaille avec singularité dans le sillage de l’abstraction lyrique puis du
matiérisme et du spatialisme. Carnero est en quête perpétuelle d’amélioration, de perfection,
de projection. Sa quête, tout autant que les très nombreuses expositions auxquelles on l’a
invité à participer, sont la caractérisation du véritable artiste.
“Carlos” consacre la fin de sa vie à l’enseignement, professeur passionné après avoir été
lui-même élève passionné.

Quelques dates

Études classiques à Montevideo (Uruguay).
1941 à 1946 École des Beaux-Arts, section architecture (Montevideo).
1947 Bourse de voyage (Italie, Espagne, France).
1948 Stage de peinture à l’atelier André Lhote.
1949 Entre à l’Académie Fernand Léger, d’abord élève, puis
1949 à 1955 Assistant-collaborateur de Fernand Léger.
1955 à 1970 Collaborateur de Nadia Khodassievitch et de Georges Bauquier.

Expositions

1950 Galerie Jeanne Bucher, Paris, Atelier Fernand Léger, Exposition collective,
juillet 1950.
1951 Académie des Beaux-Arts, Paris, Atelier Fernand Léger, exposition
annuelle, décembre 1951.
1953 Salon des Artistes indépendants, Paris.
1953-1954 Galerie Gentilhommière, Paris, Groupe 53.
1957-1958 Première Biennale de la “Jeune Peinture”, musée des Arts décoratifs,
Paris, mai-juin 1957, Francfort, Montréal, 1958.
1959 “École de Paris” à Vienne, Linz, Gratz.
Galerie de France, “Cinq peintres – Un sculpteur”.
1960 Galerie Création à Roubaix. Exposition personnelle.
1961 Galerie Pierre Weiller à Paris. Exposition personnelle.
Salon des Réalités nouvelles. Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. Exposition personnelle, mai 1961.
1962 Musée des Arts décoratifs, Paris, “Antagonismes 2 - L’objet”, juillet-octobre 1962.
Galerie Pierre Weiller, Paris, “Poèmes Peints”, mars-avril 1962.
Exposition personnelle.
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris : “L’art latino-américain à Paris”.
1962-1963 Exposition de peinture contemporaine, Communauté européenne,
Prix Marzotto. Italie, Allemagne, Belgique, France.
Exposition des Artistes latino-américains, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris.
“Expressions Nouvelles”, Antibes.
1962 à 1965 Salon “Comparaisons”. L’Oeil de Boeuf, Galerie 7, Paris.
1963 Musée des Arts décoratifs : “Collection d’expression française”.
1964 Galerie Pierre Weiller, Paris, “Ardoises peintes”, mai-juin 1964.
Invité à participer au Prix Carnegie, Pittsburgh.
“50 ans de Collages”, Saint-Étienne, musée d’Art et d’Industrie, et Paris, musée des Arts décoratifs.
1965 “Le Visage”, Galerie A, Paris. La Vieille Échoppe, Saint-Paul-de-Vence, exposition personnelle, juillet-août 1965.
Galerie Lutèce, Paris, exposition inaugurale.
1966 Invité à participer au Prix Carnegie. Pittsburgh.
1967 Maison de la Culture d’Amiens, exposition personnelle.
1968 Triennale de Belgrade : “Art et Prospective”.
1970 Galerie Louis Soulanges, Paris, avril 1970.
Milieu des années 60 - 1980 Professeur à l’école Camondo et à l’ENSAD (École nationale des Arts décoratifs).

Collections publiques

Oeuvres au Stedeljik Museum d’Amsterdam – Musée de Grenoble – Maison de la Culture du Havre.

Collections particulières

Paris, Roubaix, Amiens, Saint-Étienne, Clermont-Ferrand, Bruxelles, Grasse, Saint-Paul de Vence, Francfort, Grenoble, Vienne, Pittsburgh